Le droit de dire non, c’est partout et pour tout le monde.

Si un mot devait résumer ce billet ce serait « non ». Le droit de dire « non » ne doit jamais être oublié, dans tous les contextes ayant rapport au corps.

Ce n’est pas une histoire pure et dure de féminisme, même si je parle en tant que fille/femme. J’écris ce billet parce que je veux que tout le monde ait conscience que le droit de dire non, c’est partout et pour tout le monde.

Jeudi dernier je suis allée passer une échographie, pour suspicion d’endométriose. Le rendez-vous a été pris, avec la parole du médecin de ne me faire qu’une simple échographie et de ne pas passer par « la voie basse ».

Tout se passe bien, rien de dingue. Une échographie normale, des questions sur ce que je fais dans la vie, mes études, ce que je compte faire ensuite, si je fais du sport, si j’ai des rapports.

Puis la phrase fatale. « On va faire une échographie par voie basse maintenant ». Alerte rouge dans ma tête. Ce n’était pas prévu. Je n’ai pas envie de passer cet examen. J’ai 0,00001 seconde pour réfléchir…mais en fait, ce n’était pas une question.
C’était une affirmation.
Aucune porte ouverte qui interrogerait mon consentement sur cet examen.
C’est comme ça, et puis c’est tout.

Je me lève pour aller me changer.

Droit de dire on et consentement

Dans la cabine, c’est toutes les émotions qui se mélangent. Stress. Peur. Corps qui se crispe. Envie de vomir. Des « t’inquiète pas, ça va aller », « respire, détends-toi », « c’est important, tu seras peut-être fixée », « c’est un médecin, il sait ce qu’il fait », « tout le monde passe par là », « allez sois une adulte un peu » qui résonnent dans ma tête. Je me souviens de cette irrépressible envie de me rhabiller et de lui dire « non merci docteur, bonne journée. » Mais je ne l’ai pas fait. J’ai essayé d’être forte, juste pour comprendre la source de mes douleurs.

Je vous épargne les détails, mais l’examen était vraiment douloureux. Et est d’ailleurs réputé pour être douloureux.

Ça n’a mené à rien.
Je pense qu’il était même inutile.
Ça a beau être la procédure normale, ma vessie était suffisamment remplie lors de la première échographie. Il voyait très bien pour détecter quelque chose.

J’ai l’impression que c’était un examen gratuit, inutile, un acharnement juste là pour détruire une partie de moi.

Je me suis rhabillée et je suis partie le plus vite possible. Je suis rentrée chez moi.

Je me suis effondrée. Je sentais que mon corps accusait encore le coup. Je n’étais pas prête pour cet examen on ne peut plus intrusif. Et douloureux.

Le droit de dire non, c'est partout et pour tout le monde - Donner son consentement est une obligation

Je sais que ce n’est pas une agression, que ce n’est qu’un examen médical. Mais c’est mon intégrité qui a tout de même été touchée. Je ne voulais pas passer cet examen, je n’étais pas d’accord. Mais je ne l’ai pas exprimé clairement, parce qu’il ne m’a pas posé la question.

Le pouvoir de la blouse blanche l’a emporté sur ce que moi je voulais vraiment.

J’ai beaucoup pleuré l’après-midi et le soir. Le sommeil ne venait pas, et je ressentais encore la douleur de l’examen, comme un écho dont mon corps n’arrivait pas à se débarrasser.

Je comptais tout garder pour moi, faire mon deuil dans mon coin.

Et finalement j’ai envoyé un message à mon copain pour lui expliquer, puis à mes amies. Personne de mon entourage n’a minimisé l’acte. Personne ne m’a dit « prends du recul », « c’est pas grave » ou « relativise ». Il y a eu des silences, les mots manquent parfois face à ces situations, mais aussi une indignation générale, du dégoût, de la haine. Mais il y a surtout eu beaucoup de soutien. La réaction de mon frère m’a d’ailleurs touchée. Et m’a donné de la force, beaucoup de force. Il m’a vue pleurer, et m’a montré qu’il était prêt à me protéger coûte que coûte. Alors mes chers amis, si jamais vous lisez ce petit article, sachez que je vous remercie. Vous vous êtes tous sentis impuissants, mais vous avez tellement fait.

J’essaie de ne pas rejouer la scène en permanence dans ma tête. De ne pas la refaire avec des « et si j’avais dit/fait ça… » parce que ça ne changera rien. J’ai quelques flash que je coupe le plus vite possible.

J’ai beaucoup, beaucoup pleuré.

Puis j’ai décidé de ne pas résumer mon corps qu’à cela. J’ai décidé que le plus important pour moi était de tourner la page rapidement et de ne pas me rendre malade. Je montre à mon corps que c’est moi qui décide et qu’une situation pareille ne se reproduira plus jamais.

Alors je vous parle avec mes yeux d’étudiante de 22 ans, qui voulait des réponses à ses douleurs. Je vous parle avec peut-être une certaine naïveté. J’ai par le passé subi des violences gynécologiques, qui m’ont incitées à changer de gynécologue, parce que non, ce n’est pas normal de souffrir pendant un examen. J’avais au moins compris cela.

Mais j’ai compris jeudi que même les blouses blanches n’ont aucun droit sur mon corps.

J’ai compris que j’avais le droit de dire non.

J’ai compris que mon consentement était primordial.

Aucun médecin ne peut me forcer à passer un examen. J’ai compris que si un examen était nécessaire, que je n’étais pas mourante à l’instant T, j’avais le droit de prendre un autre rendez-vous, pour mieux m’y préparer. Et surtout, pour savoir si je suis d’accord pour passer cet examen.

Vous avez le choix. Juste savoir que vous pouvez dire non peut être rassurant et réconfortant dans le fait de dire « oui, j’accepte de passer cet examen ».

Et si malheureusement ça vous est déjà arrivé, ne gardez pas cela pour vous. C’est important d’en parler, mettre des mots sur les événements peut apaiser.

Et cela permet d’avancer.

 

La plume qui a écrit ce billet n’est pas la mienne mais celle d’une amie chère à mon coeur qui a accepté de partager son histoire avec nous. Je ne vais pas m’attarder ici de peur de gacher ses mots, mais j’espère du fond du coeur que sa force, son courage et sa résilience t’aideront à dire non et à en parler.

Bien entendu les commentaire sont là pour que tu puisses à ton tour réagir et partager ton vécu.
Tu peux aussi me retrouver sur Instagram pour voir ce que ces mots ont évoqués en moi et partager ton ressentis.

A bientôt,
Pêche

Vous pourriez aussi aimer lire :

Sortir du mode combat et ouvrir les bras

Sortir du mode combat et ouvrir les bras

J’ai construit mon identité autour de celle qui réussissait, qui brillait. Celle qui était la meilleure, qui n’avait pas peur. Mais avec ça, j’ai vécu en mode survie, combat, repliée inconsciemment contre moi. Comment sortir du mode combat ? Et puis j’ai compris que...

lire plus
Comment différencier son activité et la rendre unique ?

Comment différencier son activité et la rendre unique ?

Comment différencier son activité de celle de ses concurrents et sortir du lot sans en faire trop quand on est entrepreneur ? Beaucoup d’entrepreneur, notamment au début de leur activité, ont tendance à (trop) fortement s’inspirer de ce que font leurs concurrents et...

lire plus

49 Commentaires

  1. Ludivine

    Un grand bravo pour ton témoignage. Plein de bonnes vibes pour toi!

    Ps: j’ai aussi beaucoup galéré pour trouver une bonne gynéco, et un jour, une amie m’a rendu un énorme service en me conseillant de regarder sur le site Gyn&co. Il référence des médecins et sages femmes qui sont tops (enfin, je les connais pas tous mais ils ont tous une éthique féministe sur ce site). J’ai trouvé la mienne elle est super douce, bienveillante et digne de confiance.

    Bises,
    Ludivine

    Réponse
    • pecheneglantine

      Merci pour ton retour, je transmets ! Et je note précieusement ce site… merci ❤

      Réponse
  2. Le p'tit monde d'Alice

    Ooooh ! Comme ton article me parle, comme les mots de cette personne résonne en moi comme un miroir. J’ai déjà été dans la même situation. Enfin j’ai même connu cette situation désagréable même quand on est au courant de ce qui peut arriver (mais qui n’est pas obligatoire). En début d’année, j’ai même vécu cette situation avec une personne qui était juste désagréable, je n’avais qu’une envie pendant le rendez-vous, me barrer, courir et pleurer comme une madeleine. On fait des examens qui ne sont pas forcément agréables et les médecins ne nous aident pas forcément et ne nous mettent pas à l’aise …

    J’ai eu ces situations avec des médecins mais aussi avec mes rendez-vous gynécologiques. Fort heureusement, aujourd’hui j’ai rencontré une sage femme qui est un ange, qui me met à l’aise pendant les examens gynécologiques et qui est juste adorable. Je suis tellement heureuse de l’avoir trouvé et je ne la lâcherais pas de si tôt.

    Ton article m’a donné envie de partager mon expérience avec les autres et montrer que ce n’est pas une erreur de passer des examens gynécologiques qui se passent mal ou rien ne veut passer comme il faut. Qu’on a toute notre problème et que, parfois, ce n’est pas forcément simple ce type de situation.

    Réponse
    • pecheneglantine

      Merci infiniment Alice pour ton témoignage, c’est essentiel de savoir dire non dans ces cas là et cest surtout très grave que ces personnes ne demandent pas le consentement juste parce qu’ils ont une certaine autorité…

      Réponse
      • Le p'tit monde d'Alice

        Je suis entièrement d’accord avec toi. C’est vrai que j’ai toujours eu peur de dire non aussi car j’avais l’impression que c’était une erreur de ne pas aller jusqu’au bout de l’examen (même si au final, à part avec ma sage femme, personne n’a jamais réussi à faire que je sois assez sereine pour faire l’examen normalement). Il y a juste une fois où, au bout d’un moment, j’ai dit non et que je prenais la responsabilité SI il arrivait quelque chose.

        Réponse
  3. theatypicalsblog

    As tu lu « le choeur des femmes » de Martin Winckler (ou un truc du genre)…J’ai lu le livre, vu la pièce et c’est exactement ça. Le pire, c’est que je ne connais pas une femme qui n’ai pas subi ce genre de trucs.

    Réponse
    • pecheneglantine

      Non je ne connais pas mais vais voir de suite… Rt oui cette banalisation est terrible. Cest même pire que ça, c’est grave et ce devrait être puni par la loi !

      Réponse
  4. Allegretto

    Ce témoignage me parle aussi. Je ne savais même pas que l’on pouvait refuser ! J’ai eu plusieurs échographies par voie basse, à chaque grossesse en fait. C’est vrai que ce n’est pas agréable du tout. Mais réalisé par une gynéco bienveillante, ça change tout.

    Réponse
    • pecheneglantine

      Oui là cest vraiment le manque de considération et de respect qui est choquant ! Il est clair et explicite qu’elle ne voulait pas de cette écho et lui est passé outre sa volonté, comme si il avait tous les droits sur son corps.

      Réponse
  5. mamyhorse

    Pour moi, c’est une agression. C’est ressenti comme tel.
    Notre société nous veut docile et je sais que le « non » n’a pas bonne presse.
    Je remercie ma culture d’origine car même les enfants apprennent à dire non aux parents et à expliquer pourquoi.
    J’ai continué avec mes enfants et aujourd’hui c’est aux animaux dont j’ai la responsabilité que je le transmets.
    Mes chevaux ont le droit de refuser d’être monter et quand ça arrive, ils l’expriment clairement. Ils partent quand ils voient la selle.
    Alors même si le médecin suit son protocole, il se doit de demander. Ton corps est à toi.
    J’espère que ton amie est soulagée d’avoir écrit ce témoignage touchant.

    Réponse
  6. La cueillette d'une roussette

    Je trouve ça super ce genre de témoignage ! Ton amie écrit très bien et on peut percevoir sa douleur et sa peine à travers ses mots poignants. C’est vrai que quand un médecin nous dit quelque chose on ose pas dire non. On obéit se référant à la voie de la sagesse médicale. Finalement notre consentement n’est pas requis. Je ne connaissais même pas ce genre d’échographie…
    En tout cas j’espère que ton amie va mieux et je lui envoie tout mon courage ❤️

    Réponse
    • pecheneglantine

      Oui l’autorité fait peur et on se courbe tous bien vite devant… Je lui transmets le message mais je sais qu’elle te lira aussi ♥ Merci !

      Réponse
  7. cristaletmandarine

    Gratitude pour la plume qui a écrit ces mots.
    Ils décrivent parfaitement ce que nous vivons en tant que femme et qui fait passer la plupart d’entre nous pour des « hypersensibles », « mal dans sa peau », « féministe » ou autre « névrosée ».
    Pourtant, ce n’est pas un acte anodin.
    Il y a maintenant 3 ans j’ai passé plusieurs examens gynécologiques d’affilé pour faire un bilan de fertilité. La majorité de ces examens sont douloureux et minimisés, on ne s’attend pas à ça du tout en arrivant à la consultation.
    Le dernier qui m’a été prescrit était une endoscopie par voie basse.
    J’en avais assez d’être prise pour un bout de viande tous les mois, abandonnant toute dignité quand il s’agissait d’aller faire ces fameuses échographies par voie basse au beau milieu de mon cycle. Une horreur en terme d’estime de soi, d’intimité et de douleur.
    Quand j’ai demandé pourquoi il fallait que j’y retourne pour encore me torturer, on m’a ri au nez et dit qu’il n’y avait aucun problème, c’était juste pour continuer de confirmer.
    Je suis repartie avec mon ordonnance sans jamais prendre rendez-vous.
    On a le droit de dire non. Aucune femme ne devrait se sentir meurtrie, infantilisée ou humiliée sous prétexte qu’une blouse blanche se sente en position de force pour décider.
    Bienveillance pour Toutes.

    Réponse
    • pecheneglantine

      Oh ma belle… Merci pour ton partage et je suis tout à fait d’accord avec toi, notre consentement n’est pas une option et nous avons le droit de dire non !

      Réponse
  8. Soa

    Je suis à 100% d’accord avec toi ! Notre consentement est nécessaire pour tout. J’ai du moi aussi passer par une analyse pour laquelle je n’étais pas prête et j’ai dit non jusqu’au bout. Je la ferai une autre fois, ou jamais, mais en tout cas, le médecin m’a proposé une panoplie d’autres options et je trouve son approche très intelligente, il appartenait à moi de prendre mes responsabilités en fonction de mon choix.

    Réponse
  9. ornellastro

    Ah le gynécologue, c’est pas une partie de plaisir. Moi aussi, j’en ai eu pleins. Aujourd’hui, je n’en ai pas d’attitré. A part ma toute première qui était une vielle dame gentille comme tout et qui a dû un jour prendre sa retraite, personne n’a su m’être agréable, me mettre en confiance comme elle. Et puis, j’ai pris un homme un jour, qui était si malsain…. j’ai fui.
    Ca doit faire 2 ans que je n’ai pas foutu les pieds chez un gynécologue et je m’en porte très bien. Hors de question que je cède à la pression limite commerciale du frottis annuel. Est-ce qu’on vérifie son cerveau ou ses poumons tous les ans ? Non, ça incite à l’angoisse et c’est ce stress qui peut générer des troubles dans les défenses immunitaires voire des manifestations psychosomatiques.
    Moi aussi, j’ai fermé ma gueule à chaque fois que j’ai eu mal ou qu’on me disait de me détendre, que c’était normal. Et j’avoue que je ne supporte plus.

    Réponse
    • pecheneglantine

      Et je te comprends totalement… C’est tellement essentiel de se sentir bien et écoutée avec son gynéco !

      Réponse
  10. Dounia Joy

    J’ai déjà refusé ce genre d’examens, trop intrusif pour moi, pas prête..

    Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.